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DÉCRYPTAGE | Atteindre la neutralité carbone exige un engagement fort de la part des acteurs régionaux, tant sur la réduction des émissions directes que indirectes de gaz à effet de serre. Aménagement du territoire, modèles agricoles, systèmes industriels, production énergétique… L’ensemble des activités sont concernées.

I - Faire de l’impact carbone un critère d’arbitrage des investissements

À ce jour, aucun des contrats qui lient les territoires entre eux ne formule d’exigence en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou d’adaptation des territoires.

Conformément aux objectifs européens de « taxonomie verte »[REF], le GIEC-PL invite les acteurs du territoire à chiffrer l’impact carbone de leurs investissements (émissions carbone). Cette évaluation vise à supprimer progressivement l’ensemble des investissements néfastes au climat.

Une attention particulière devra être portée à la commande publique qui représente 3,5 à 4 milliards d’euros [REF] par an en Pays de la Loire.

Parallèlement, les membres du GIEC-PL suggèrent :

◆ D’intégrer systématiquement les enjeux climatiques dans les politiques contractuelles et d’en faire un critère de sélection déterminant du financement de projets d’investissement. À ce jour, aucun des nombreux contrats qui lient les territoires entre eux (État/Région, État/collectivités locales, Région/collectivités locales), ne formule d’exigence en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou d’adaptation des territoires aux évolutions climatiques.

D’adopter un nouveau dispositif financier : le Contrat territorial climat. Destiné à décliner les objectifs de la Conférence régionale sur le climat à l’échelle de chaque EPCI, le Contrat territorial climat permettrait – à l’image du Contrat territorial Eau – de mobiliser des financements croisés (État, Région, ADEME, EPCI…) pour la mise en œuvre de l’Accord régional sur le climat dédié à la réduction des émissions, à l’augmentation des puits de carbone et à l’adaptation des territoires aux changements climatiques.

Ces contrats territoriaux pourraient ainsi intégrer des volets portant sur :

La lutte contre l’artificialisation des sols [REF] pour faciliter l’atteinte de l’objectif « zéro artificialisation nette » : lutte contre l’imperméabilisation des sols, maintien et restauration des sols, des barrières naturelles et des zones tampons, coefficient de végétalisation…

 L’adaptation des infrastructures, des réseaux et du cadre bâti : enfouissement, choix et recyclage des matériaux…

◆  La fonctionnalité et le développement des continuums écologiques : corridors biologiques pour faciliter l’adaptation des espèces aux évolutions locales du climat et à leurs impacts (air, eau, sol, climat, biodiversité, santé) mais aussi leur migration dans le territoire.

 La préservation des ressources naturelles du territoire grâce, notamment, à l’ajustement de la quantité d’intrants utilisés aux stricts besoins de la région.

II - Réduire la dépendance aux énergies fossiles

Sachant que dans la région des Pays de la Loire, deux-tiers des émissions de gaz à effet de serre sont d’origine énergétique [REF], le GIEC-PL rappelle l’importance d’y réduire massivement les consommations d’énergie et d’atteindre les objectifs fixés par RTE dans son rapport sur les Futurs énergétiques [REF] (-40 % d’ici à 2050) ainsi que ceux inscrits dans le plan du Ministère de la transition écologique qui prévoit une baisse de 10 % de la consommation du territoire d’ici à 2024 [REF].

Illustrations Couverture - Réduire l'empreinte carbone du territoire

Pour réduire la dépendance de la région aux énergies fossiles, les membres du GIEC-PL suggèrent de mettre en œuvre des actions concrètes visant en même temps la sobriété des usages et l’efficacité énergétique [REF], en portant une attention plus particulière aux secteurs du bâtiment (résidentiel et tertiaire), du transport et de l’industrie (hors production d’énergie) qui représentent respectivement 39 %, 36 % et 20 % des consommations énergétiques du territoire [REF].

Dans le secteur du bâtiment, le GIEC-PL recommande de :

◆ Réduire la construction de nouvelles surfaces, en optimisant l’usage des bâtiments existants [REF] et en privilégiant la construction d’habitats collectifs et/ou partagés [REF].

◆ Massifier la réhabilitation des bâtiments résidentiels et tertiaires (en priorisant les passoires thermiques [REF]) et conjuguer dans une même démarche l’isolation thermique et le choix d’une énergie de chauffage faiblement émettrice en carbone [REF].

◆ Réduire l’énergie grise [REF] du bâti que génère la construction [REF], la réhabilitation et la démolition-reconstruction en développant une architecture plus écologique, compacte, simple et légère, mais aussi en privilégiant des outils et matériaux moins énergivores, issus du réemploi et/ou de solutions biosourcées (ex : chanvre), géosourcées (ex : terre crue) ou éco-sourcées (issus du ré-usage ou recyclage). Parallèlement, il conviendra de développer une réflexion sur l’assurabilité de ces solutions constructives et sur le financement de leur utilisation.

◆ Promouvoir l’autonomie énergétique des bâtiments grâce à l’installation d’unités de production d’énergies renouvelables et à l’utilisation d’outils intelligents (microréseaux) pour gérer ensemble les équipements consommateurs d’énergie, les équipements producteurs et les éventuels équipements de stockage (smart building).

◆ Accompagner le comportement vertueux des usagers (optimisation des équipements et de l’isolation, achats responsables, …). La sociologie de l’énergie montre qu’un accompagnement des acteurs à une meilleure compréhension des besoins énergétiques facilite la réduction de leurs consommations [REF].

Illustrations 2 - partie 2 réduire l'empreinte carbone du territoire
© Région Pays de la Loire / PB. Fourny

Dans le secteur des transports, le GIEC-PL préconise de conjuguer les actions suivantes :

◆ Privilégier autant que possible les services de proximité (achats et fournisseurs, loisirs, tiers- lieux, soins, livraisons, commerces…) et les échanges en ligne (télétravail, visioconférences, suivi…) pour réduire les distances parcourues par route (voyageurs et marchandises).

◆ Soutenir le développement des motorisations alternatives pour : les transports publics ; les transports de marchandises ne pouvant pas faire l’objet d’un report modal vers le ferroviaire et le fluvial ; les ménages modestes et professionnels (aide à domicile, infirmiers, portage de repas…) ne pouvant pas se passer de véhicules motorisés.

◆ Favoriser le report modal du fret routier vers le ferroviaire et le fluvial et développer des plateformes logistiques à l’entrée des principales agglomérations du territoire pour faciliter la livraison des marchandises sur le dernier kilomètre [REF] (si possible par de la cyclo-logistique).

◆ Faciliter les déplacements non-motorisés et les mobilités douces pour les distances inférieures à 5km [REF] grâce, notamment, à : la piétonisation des centres-bourgs ; la sécurisation des itinéraires cyclables ; la multiplication des voies cyclables en-dehors des centres urbains ; l’aide à l’équipement de vélos et au développement de dispositifs de stationnement sécurisé ; la promotion des livraisons en vélo cargo…) ; la promotion des co-bénéfices de ces pratiques pour la santé physique et mentale [REF].

◆ Augmenter le recours aux mobilités partagées (transports publics, trains, autopartage, co-voiturage…) pour diminuer le nombre de véhicules en circulation (entre le domicile et l’entreprise, le domicile et l’école…). À cet égard, le GIEC-PL recommande la réouverture ou le développement des lignes ferroviaires transversales et du quotidien actuellement sous-exploitées [REF], l’amélioration de l’intermodalité des offres (titres de transport combinés, tarifications intégrées, planification des trajets, vélo en train…) et le développement des lignes de covoiturage pour augmenter le taux d’occupation des véhicules [REF].

◆ Faciliter le déplacement de salariés grâce aux systèmes d’autopartage ou de co-voiturage entre salariés (application mobile, création de lignes de covoiturage) et à la mise en place de lignes de transports légers et flexibles (minibus, cars…) pour les déplacements domicile/lieu de travail des grands employeurs, publics ou privés.
 
◆ Former les ligériens à l’éco-conduite [REF] pour baisser la consommation globale de carburants sur le territoire.
 

◆ Promouvoir le développement de trains de nuit saisonniers au départ et à l’arrivée des métropoles régionales pour y favoriser le tourisme à moindre impact carbone [REF].

◆ Continuer à accompagner le cyclotourisme, y compris en milieu rural [REF].

© Région Pays de la Loire - Ouest Médias

Dans le secteur de l’industrie, le GIEC-PL préconise de :

◆ Produire « moins mais mieux », en créant davantage de valeur, grâce aux approches innovantes de l’économie de la fonctionnalité (passer de la vente d’un produit à la vente de son usage) et produire « mieux avec moins » en s’appuyant sur les principes de l’éco- conception, du biomimétisme et du low tech.

◆ Favoriser une économie régénératrice, qui prend en compte le renouvellement des ressources dont elle a besoin et qui, dans le même temps, s’assure de la capacité des écosystèmes à maintenir leur intégrité et leurs capacités de réparation ou de reconstitution.

◆ Reterritorialiser les productions :
▪ En développant une économie régionale davantage orientée vers les ressources du territoire plutôt que basée sur la transformation de ressources importées.
▪ En relocalisant les chaines de production partout où cela est possible [REF].

◆ Réduire la consommation énergétique de la production industrielle et du commerce :
▪ En s’appuyant sur des pompes à chaleur de très haute [REF] température pour exploiter et valoriser la chaleur fatale.
▪ En substituant l’utilisation d’énergies d’origine fossile par de l’hydrogène vert (électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable) ou par du biogaz [REF].
▪ En supprimant les enseignes et les panneaux/écrans publicitaires lumineux et en réduisant les sources lumineuses excessives ou inutiles (vitrine, enseignes…).

En complément de ces mesures d’économie d’énergie et au vu de la géographie de la région, de ses influences météorologiques et géologiques ainsi que de ses caractéristiques agricoles qui offrent d’importants leviers à la production locale d’énergie, le GIEC-PL invite les acteurs du territoire à mieux valoriser les gisements régionaux en énergie renouvelable, avec pour objectif l’autonomie énergétique des Pays de la Loire en 2050. Cependant, les membres du GIEC-PL rappellent aussi que le développement des énergies renouvelables ne doit empiéter ni sur les espaces naturels ni sur les espaces agricoles sur lesquels repose la production alimentaire.

Pour le GIEC-PL, l’accélération de la production d’énergies renouvelables ainsi que les efforts de sobriété et d’efficacité engagent aussi le développement de réseaux énergétiques intelligents (smart grids) afin de :

◆ Surveiller et optimiser en temps réel les consommations énergétiques tout en améliorant l’adéquation entre la production d’énergies renouvelables et les besoins de consommation.

◆ Réduire les déperditions d’énergie sur le réseau en rapprochant les points de production et de livraison de l’électricité et en ajustant les flux aux besoins réels.

À titre d’exemple, le GIEC-PL propose que soit déployé un éclairage public intelligent (basé sur des capteurs de mouvement, analyses des flux ou encore des plages horaires) sur l’ensemble du territoire ligérien [REF].

Compte-tenu de l’importance des investissements qui seront nécessaires au déploiement de ces actions, le GIEC-PL recommande l’adoption d’un plan régional et pluriannuel d’investissement co-piloté par l’État, les collectivités locales et les acteurs socioéconomiques.

© Région Pays de la Loire / PB. Fourny

III - Accélérer la décarbonation de l’économie régionale

Si la lutte contre les changements climatiques et les mesures d’adaptation à leurs impacts affecteront certains secteurs, voire les condamneront à disparaitre, ils favoriseront aussi l’émergence ou le développement de nouvelles activités et emplois.

Pour faciliter la décarbonation des filières présentes sur le territoire ligérien, le GIEC-PL suggère qu’un Plan régional de transformation de l’économie et de l’emploi, assorti de mesures concrètes, soit adopté en s’appuyant notamment sur les échanges issus de la Conférence régionale sur le climat. Il s’agira :

◆ D’adopter un contrat d’objectifs entre l’État, la Région, les EPCI et chacune des filières économiques pour qu’elles s’engagent à réduire significativement leurs émissions de gaz à effet de serre (- 30 % sur les cinq prochaines années par rapport à 2018).

◆ De mettre en place ou renforcer les dispositifs de soutien à l’économie circulaire, en particulier à l’économie de la fonctionnalité, l’écoconception, le réemploi et l’écologie industrielle mais aussi au développement de la bioéconomie.

◆ De soutenir les nouvelles filières en lien avec la transition écologique : reconversion des centrales thermiques, développement des énergies-renouvelables, déconstruction navale, réparation, recyclage… Une attention particulière devrait être accordée au développement des filières permettant de remplacer les matériaux plastiques pour arriver progressivement à la suppression des plastiques non essentiels (emballage notamment).

◆ De mettre en place un programme régional de symbiose industrielle, à l’image du National Industrial Symbiosis Programme (NISP) [REF] dont l’objectif est de faciliter l’échange de matières entre les entreprises pour limiter leurs déchets, accroître leurs revenus et réduire leurs coûts [REF].

◆ De relocaliser et/ou implanter sur le territoire des secteurs stratégiques, en particulier pour l’alimentation et la construction, afin de réduire les flux de transport (en rapprochant les lieux de production, de transformation et de consommation [REF]), mais aussi d’accroitre l’autonomie et la résilience de l’économie régionale.

◆ D’investir massivement dans le domaine de la recherche et de l’innovation afin de développer des démonstrateurs, d’encourager les initiatives régionales vertueuses et d’identifier de nouvelles solutions pour réduire l’impact environnemental des activités économiques (récupération de la chaleur fatale, développement des bioénergies, stockage de l’énergie…) tout en évaluant précisément leurs impacts.

◆ D’adopter des mesures visant à inciter les Ligériens à acheter des produits locaux « bas- carbone » (label régional, mise en avant dans la distribution, cartographies des produits locaux, monnaies régionale ou locales…).

◆ De conditionner l’attribution des aides publiques destinées aux entreprises à des critères de décarbonation fixés pour chaque secteur et chaque activité.

Si la lutte contre les changements climatiques et les mesures d’adaptation à leurs impacts favoriseront l’émergence et le développement de nouveaux secteurs d’activités, et donc aussi d’emplois, d’autres – plus liés à l’économie carbonée – seront plus fortement affectés, voire condamnés à disparaitre. C’est pourquoi le GIEC-PL propose qu’un chapitre du Plan régional de transformation de l’économie et de l’emploi soit dédié à la gestion prévisionnelle des emplois et des parcours professionnels (GPEPP) :

◆ Dans les secteurs et les bassins de vie les plus fortement impactés par la transition écologique (industries, énergies fossiles…), la GPEPP aura pour objectif d’accompagner les salariés qui risquent de perdre leurs emplois dans les 5, 10 ou 15 ans, notamment en favorisant les reconversions et formations.

◆ Dans les filières que la transition écologique fera émerger, la GPEPP aura pour objectif de développer des compétences spécifiques ajustées aux nouvelles activités.

Illustrations 6 - Partie 2 réduire l'empreinte carbone du territoire
© Région Pays de la Loire

IV - Promouvoir une agriculture et une alimentation durables

C’est bien l’ensemble du système alimentaire qu’il convient de prendre en compte pour amener tous les acteurs de la chaîne alimentaire à réduire leurs impacts sur le climat et la biodiversité.

Dans la mesure où, dans les Pays de la Loire, l’agriculture émet près de 28 % des émissions directes de GES [REF], la décarbonation des activités du secteur s’impose comme une priorité, en même temps que la transformation du modèle agricole et l’évolution des régimes alimentaires. Car c’est bien l’ensemble du système alimentaire – de la fourche à la fourchette – qu’il convient de prendre en compte pour être efficace et amener tous les acteurs de la chaine alimentaire à réduire leurs impacts sur le climat et la biodiversité.

Pour permettre aux filières agricoles et agro-alimentaires de réussir cette transition en s’adaptant aux enjeux écologiques plutôt qu’en subissant la détérioration des écosystèmes et les changements climatiques, le GIEC-PL propose donc de s’inspirer d’initiatives et d’expériences existantes, notamment dans la région, et qu’il conviendrait aussi de soutenir et d’amplifier (Assises de l’agriculture durable, AMAP, végétalisation des filières…).

Sur la base de ces expériences et des caractéristiques agricoles régionales, le GIEC-PL suggère ainsi d’agir…

Au niveau des intrants par :

◆ La baisse des importations agricoles, aussi bien pour les aliments que pour les intrants nécessaires à la production (engrais, phytosanitaires, fourrage…)[REF] 40 et, en parallèle, la relocalisation et la diversification des productions dans une logique de résilience alimentaire territoriale.

◆ Le développement d’une filière légumineuse, de la production à la consommation, pour permettre aux territoires, habitants et exploitants de tirer parti des bénéfices environnementaux du développement de ces cultures :

  • En permettant une meilleure filtration des sols, elles améliorent la qualité de l’eau [REF].
  • En contribuant à piéger le carbone dans le sol, elles permettent de mettre à disposition une source fiable de protéines moins émettrices en gaz à effet de serre.
  • En fixant l’azote, elles permettent de nourrir les sols et donc de réduire la dépendance aux engrais chimiques.

◆ La réduction des importations de soja venant d’Amérique latine en relocalisant les cultures destinées à l’alimentation animale et en développant une culture fourragère locale diversifiée [REF].

◆ La généralisation de l’emploi d’engrais naturels pour supprimer les émissions de GES liées à la fabrication d’engrais minéraux d’ici à 2030. On retient aussi qu’en plus de faciliter le développement d’une agriculture plus durable, la valorisation de certains déchets en intrants (urine [REF], épluchures de fruits et légumes…) permet de développer une approche circulaire à l’échelle locale ou régionale et d’optimiser ainsi les relations entre le milieu urbain et le milieu rural ou périurbain.

Au niveau des modèles agricoles par la généralisation des pratiques agroécologiques et l’adoption de mesures régionales volontaristes :

◆ Accompagnement et formation des jeunes agriculteurs aux pratiques culturales à la fois moins impactantes sur les écosystèmes, moins émettrices de GES, et mieux ajustées aux conséquences des changements climatiques sur l’environnement agricole (sécheresse, variations de la saisonnalité des pluies…).

◆ Diversification des cultures et promotion des cultures moins consommatrices d’eau et d’intrants telles que le sorgho qui peut être adapté à la consommation humaine comme animale.

◆ Optimisation de la pratique du pâturage pour prolonger la productivité des prairies temporaires.

◆ Développement de la formation sur le lien santé-alimentation (écoles, collèges, lycées…).

◆  Soutien aux initiatives de jardinage dans les cadres urbains, scolaires, en entreprises et dans les collectivités pour que les bénéfices sociaux et environnementaux du jardinage de proximité soient partagés par le plus grand nombre : reconnexion à la nature, lien social, activité physique, zones plus fraîches en été…

◆ Soutien au développement de l’agriculture urbaine et péri-urbaine qui contribue, entre autres, à rapprocher les lieux de production alimentaire des lieux de consommation, à restaurer des sols en milieu urbain et à redynamiser le secteur économique agricole.

Au niveau de l’élevage et des comportements alimentaires :

Sachant que 73 % des émissions de GES de la production agricole ligérienne sont issus des activités d’élevage [REF], il apparait important de pouvoir en repenser la place dans les régimes alimentaires et dans le système agro-alimentaire de la région [REF]. C’est pourquoi le GIEC recommande :

◆ D’accompagner les éleveurs pour passer de l’élevage intensif à l’élevage extensif [REF].

◆ De sensibiliser les consommateurs sur l’impact écologique et climatique de leur régime alimentaire [REF] pour réduire la consommation de protéines d’origine animale.

◆ De former les cuisiniers et équipes des cuisines collectives (publiques et privées) à la préparation de repas ajustés aux enjeux climatiques (augmentation de la part de protéines végétales ; préférence aux produits locaux, labellisés, bio et de saison…).

Au niveau des circuits agro-alimentaires notamment grâce :

◆ Au développement de circuits de transformation et de distribution de proximité.

◆ À la création, en étroite collaboration avec les agriculteurs, d’une régie agricole régionale afin de renforcer la souveraineté alimentaire du territoire, réduire le gaspillage alimentaire, fournir une alimentation de qualité aux cuisines collectives (bio, locale, fraîche, de saison) et préserver les espaces agricoles.

Au niveau du gaspillage alimentaire :

Sachant que le gaspillage alimentaire représente environ 17 % des productions agricoles soit 1,8 million de tonnes pour les Pays de la Loire [REF], plusieurs actions peuvent être menées :

◆ Évaluer le gaspillage alimentaire dans la restauration collective par catégorie d’aliments, pour sensibiliser et faire évoluer les menus en conséquence.

◆ Développer des filières de revalorisation des invendus en donnant plus de moyens aux associations intermédiaires.

◆ Développer les filières de valorisation des biodéchets, en restauration publique et privée, en complément d’un travail de sensibilisation au gaspillage alimentaire.

Au niveau du financement des services environnementaux :

Développer les paiements pour service environnementaux (PSE). Ces PSE représentent un atout pour le territoire puisqu’ils contribuent à préserver les écosystèmes aidant à l’atténuation du changement climatique et participent aussi au bien-être de la population [REF]. La rémunération de services environnementaux permet d’encourager les alternatives aux cultures traditionnelles et qui présentent des co-bénéfices pour toute la société.

V - Renforcer les puits de carbone naturels

La renaturation des espaces urbanisés par la désimperméabilisation et la revégétalisation contribue à l’adaptation des territoires aux changements climatiques.

Le GIEC-PL évalue à 4 millions de tonnes la quantité de CO2 à séquestrer d’ici à 2050 (environ 150 000 tonnes supplémentaires chaque année) pour atteindre la neutralité carbone sur le territoire des Pays de la Loire (cf.fig 1). Pour y parvenir, il recommande de :

Soutenir et développer l’agroforesterie, une pratique qui favorise le stockage du carbone tout en améliorant le rendement des exploitations agricoles et leur résilience : en réduisant les effets négatifs des sécheresses estivales, en protégeant les animaux et les terres des vents froids, des inondations et de l’érosion et en favorisant le maintien et le développement de la biodiversité locale.

Pour les membres du GIEC-PL, 2 % des parcelles cultivées et des friches situées aux alentours des métropoles devront être convertis chaque année en surfaces agroforestières (20 000 ha/an) [REF], avec un objectif de plantation annuelle minimum de 900 000 arbres à partir de 2024. En 2050, près de la moitié des surfaces cultivées seront ainsi occupés par l’agroforesterie, favorisant une séquestration additionnelle du carbone avoisinant les 1,5 Mteq CO2/an [REF].

En parallèle, le GIEC-PL propose d’accompagner cette mesure par :

  • La plantation annuelle de 1 000 kilomètres par an. Cette mesure, si elle est appliquée dès 2024, permettra un stockage additionnel d’environ 3 teq CO2/km/an d’ici à 2050 [REF].
  • L’amélioration de la gestion des prairies permanentes. À titre d’exemple, remplacer le fauchage par du pâturage permet de séquestrer environ 1 teq CO2/ha/an [REF].
  • L’insertion de prairies temporaires, et l’allongement de leur durée, qui permettrait de séquestrer environ 1 teq CO2/ha/an [REF].
  • L’enherbement inter-rang des vignes afin de séquestrer environ 1,5 teq CO2/ha/an [REF].

Pour le GIEC-PL, ces mesures devraient être en mesure de séquestrer 0,5 Mt eqCO2/an en 2050.

Accompagner la gestion durable des forêts. Depuis 30 ans, les surfaces forestières ont progressé en Pays de la Loire (+ 53 407 ha) [REF]. Cet accroissement naturel de la forêt, consécutif au boisement spontané de terres agricoles en déprise, génère une augmentation des puits de carbone de l’ordre de 0,05 Mteq CO2/an [REF]. Si la tendance se confirme, ce sont près de 1,5 Mteq CO2/an qui seront séquestrés en 2050. Pour le GIEC-PL, cela suppose que les acteurs de la filière puissent accompagner la gestion durable des forêts ligériennes, à travers la plantation de 500 000 arbres par an.

◆ Lutter contre l’artificialisation des sols et favoriser la renaturation des espaces urbains. L’extension urbaine – lorsqu’elle implique un décapage superficiel des sols – libère du carbone dans l’atmosphère, de l’ordre de 200 à 300 tonnes (équivalent CO2) par hectare [REF]. Au vu du taux d’artificialisation dans les Pays de la Loire, ce sont donc environ 300 à 400 000 teq C02 qui sont déstockées chaque année dans la région. Le GIEC-PL invite donc les acteurs à accélérer leurs efforts de densification, de renouvellement urbain et de préservation des sols non artificialisés dans les zones urbaines. À cet égard, il suggère d’encourager les études géologiques sur la qualité des sols dans les zones urbanisées afin d’évaluer le niveau et les types de dégradation et d’aider ainsi à la mise en œuvre d’actions ajustées de re-fonctionnalisation des sols.

Illustration 9 - partie 2 réduire l'empreinte carbone du territoire
© Région Pays de la Loire - Vignouroux-Perspective

Au-delà de son impact pour atténuer le bilan carbone de la région, il convient ici de rappeler que la renaturation des espaces urbanisés par la désimperméabilisation ou la revégétalisation contribue aussi à l’adaptation des territoires et des populations aux changements climatiques : lutte contre les ilots de chaleur, renforcement de l’infiltration des eaux, amélioration de la qualité de l’air, contribution au bien-être…

◆ Accélérer la restauration des zones humides, et notamment des tourbières qui jouent un rôle majeur dans la séquestration du carbone. À l’échelle mondiale par exemple, elles stockent l’équivalent de 75 % du carbone rejeté dans l’atmosphère alors qu’elles ne représentent que 3 % des terres émergées. Pour préserver leur état de conservation, le GIEC-PL encourage les actions de protection et de restauration des tourbières telles celles réalisées par le CEN des Pays de la Loire, la DREAL, l’Agence de l’eau Loire-Bretagne (dans le cadre des contrats territoriaux) et la Fondation du patrimoine. Car si les tourbières fixent le CO2 atmosphérique à raison de 0,7 à 2,2 teq CO2/ha/an [REF], elles sont aussi des milieux émetteurs de carbone organique dissous, de méthane (CH4) et de dioxyde d’azote (NO2). C’est pourquoi, en plus de maintenir la capacité des tourbières à séquestrer du CO2, leur préservation contribue aussi à éviter le relâchement dans l’atmosphère des stocks de GES qu’elles ont déjà accumulés.

Pour les membres du GIEC-PL, la restauration des zones humides existantes et la reconnexion marine de certains polders agricoles s’avèreront également particulièrement utiles dans la gestion du trait de côte et du risque de submersion marine.

Illustration 10 - partie 2 réduire l'empreinte carbone du territoire
© Région Pays de la Loire / PB. Fourny

Pour compléter les mesures précédentes, le GIEC-PL suggère également d’expérimenter la création de puits de carbone artificiels, notamment en milieu urbain, en installant  – par exemple – des cultures de microalgues sur les toitures et les façades des bâtiments, un procédé efficace pour la séquestration et le stockage du CO2 ; en transformant les granulats de béton recyclés (du matériau de déconstruction concassé) en puits de carbone. La carbonatation est particulièrement favorable à une amélioration de la qualité du granulat recyclé issu du béton de démolition, facilitant ainsi sa réutilisation [REF].

VI - Créer un marché local de compensation du carbone

En valorisant la plantation par un agriculteur d’une haie sur ses terres, l’instauration d’un marché carbone régional permettrait à la fois de lui apporter des revenus supplémentaires et d’améliorer le bilan carbone de la région.

Pour aider la région à atteindre ses objectifs climatiques, le GIEC-PL propose la création d’un marché local du carbone. Son ambition : proposer aux organisations qui souhaitent compenser volontairement leurs émissions de gaz à effet de serre, d’acquérir des crédits carbone auprès d’un fonds régional destiné à financer des projets de décarbonation dans les Pays de la Loire.

Cet échange carbone pourrait se faire par l’intermédiaire d’une Société coopérative d’intérêt collectif dont la mission consisterait à mettre en relation les porteurs de projets (ceux qui ont des projets de réduction des émissions de CO2) et les contributeurs financiers (ceux qui souhaitent compenser leurs émissions).

Ainsi, et par exemple, en valorisant la plantation par un agriculteur d’une haie sur ses terres, le mécanisme permettrait à la fois de lui apporter des revenus supplémentaires et d’améliorer le bilan carbone de la région.

Ce mécanisme de compensation, qui s’appuierait sur l’outil de comptabilité carbone adopté par la Conférence régionale sur le climat, constituerait donc un outil complémentaire au marché européen du carbone auquel plus de 53 entreprises ligériennes sont déjà soumises [REF].

Illustrations 8 - partie 2 réduire l'empreinte carbone du territoire
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