TEMPÉRATURES
DÉCRYPTAGE | Parmi les conséquences des changements climatiques, l’évolution des températures est aujourd’hui la plus perceptible ; c’est celle aussi qui progressera le plus régulièrement dans les prochaines décennies.
I - L’augmentation des températures mondiales
À l’échelle du globe, les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées portant à + 1,1 °C l’élévation de la température moyenne mondiale depuis l’ère préindustrielle (1850- 1900).25 C’est le produit des émissions historiques de GES dont la persistance dans l’atmosphère est parfois très longue, de l’ordre du siècle pour le dioxyde de carbone (CO2) ou le protoxyde d’azote (N2O).
Malgré tout, loin de décroître depuis la découverte de l’effet de serre et de ses conséquences sur le climat, les quantités de GES émises par les activités humaines n’ont cessé de progresser : + 67 % entre 1990 et 2018 au lieu d’une baisse annuelle requise de 7,6 % par an jusqu’en 2050 pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris (+ 1,5 °C).26 Pour étudier les effets des possibles évolutions des émissions de GES, le GIEC élabore donc plusieurs scénarios des changements climatiques.27 Dans son 5e rapport par exemple, le groupe d’experts distingue quatre scénarios baptisés «RCP», acronyme anglais en référence aux « trajectoires représentatives de concentration en CO 2 » :
◆ Le premier, optimiste, dit «RCP2.6», repose sur une évolution marquée et rapide des sociétés vers la sobriété qui conduit à une baisse progressive des émissions à partir de 2020 et permet de contenir le réchauffement global à 2 °C par rapport à la période préindustrielle.
◆ À l’inverse, le scénario RCP8.5, qui estime l’évolution des températures en l’absence de toute politique de réglementation climatique, projette une hausse de la température mondiale moyenne de 2 °C dès 2060 et même de 5 °C d’ici à 2100. Entre les deux, les scénarios intermédiaires, RCP4.5 et RCP6.0 décrivent des trajectoires dans lesquelles le seuil des 2 °C est franchi au milieu du siècle et précède une stabilisation, voire une réduction, des émissions de GES avant la fin du siècle. À ce jour, le GIEC constate que la progression des émissions maintient le monde sur la pire des trajectoires climatiques… Autrement dit, quelle que soit l’ampleur des mesures mises en œuvre aujourd’hui pour réduire les émissions de GES, il ne sera pas possible d’en mesurer les effets avant 2040-2050.
Latence et inertie climatiques
À l’échelle du globe, les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées portant à + 1,1 °C l’élévation de la température moyenne mondiale depuis l’ère préindustrielle (1850-1900).[REF] C’est le produit des émissions historiques de GES dont la persistance dans l’atmosphère est parfois très longue, de l’ordre du siècle pour le dioxyde de carbone (CO2) ou le protoxyde d’azote (N2O).
Malgré tout, loin de décroître depuis la découverte de l’effet de serre et de ses conséquences sur le climat, les quantités de GES émises par les activités humaines n’ont cessé de progresser : + 67 % entre 1990 et 2018 au lieu d’une baisse annuelle requise de 7,6 % par an jusqu’en 2050 pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris (+ 1,5 °C).[REF] Pour étudier les effets des possibles évolutions des émissions de GES, le GIEC élabore donc plusieurs scénarios de changement climatique.[REF]
Dans son 5e rapport par exemple, le groupe d’experts distingue quatre scénarios baptisés «RCP», acronyme anglais en référence aux « trajectoires représentatives de concentration en CO2 » :
- Le premier, optimiste, dit « RCP2.6 », repose sur une évolution marquée et rapide des sociétés vers la sobriété qui conduit à une baisse progressive des émissions à partir de 2020 et permet de contenir le réchauffement global à 2 °C par rapport à la période préindustrielle.
- À l’inverse, le scénario RCP8.5, qui estime l’évolution des températures en l’absence de toute politique de réglementation climatique, projette une hausse de la température mondiale moyenne de 2 °C dès 2060 et même de 5 °C d’ici à 2100.
- Entre les deux, les scénarios intermédiaires, RCP4.5 et RCP6.0 décrivent des trajectoires dans lesquelles le seuil des 2 °C est franchi au milieu du siècle et précède une stabilisation, voire une réduction, des émissions de GES avant la fin du siècle. À ce jour, le GIEC constate que la progression des émissions maintient le monde sur la pire des trajectoires climatiques… Autrement dit, quelle que soit l’ampleur des mesures mises en œuvre aujourd’hui pour réduire les émissions de GES, il ne sera pas possible d’en mesurer les effets avant 2040-2050.
Note : Dans son dernier rapport, publié entre août 2021 et avril 2022, le GIEC propose de nouveaux scénarios. Cependant, comme les études régionalisées utilisées pour la présente synthèse se rapportent toutes aux scénarios du 5e rapport du GIEC, ce sont aussi ceux qui sont mentionnés ici.
Déjà, tous les relevés font apparaître une élévation moyenne des températures d’environ 1,6 °C en soixante ans. Depuis 1980, on observe même une accélération du phénomène avec une élévation de la température moyenne de 0,37 °C tous les dix ans.[REF]
Dans les trois prochaines décennies et à la faveur des phénomènes d’inertie, l’élévation des températures restera peu sensible aux politiques d’atténuation. Contenue entre 1 °C et 1,15 °C par rapport à la période 1976-2005 dans un scénario optimiste (RCP2.6), la hausse atteindra 2 °C à 2,5 °C en 2055 dans le pire des scénarios (RCP8.5). Avec une telle augmentation, Nantes et Angers pourraient alors afficher des températures annuelles moyennes équivalentes à celles de Biarritz sur la période 1976-2005.[REF]
À plus long terme, les écarts entre les différents scénarios sont beaucoup plus marqués : tandis qu’une réduction globale massive des émissions de GES pourrait, d’ici à 2100, ramener la hausse des températures ligériennes autour de 1 °C par rapport à la période 1976-2005, une politique de laissez-faire pourrait au contraire porter la hausse des températures de la région à 3,5 °C, voire à 4 °C. [REF]
Dans tous les cas, quels que soient les scénarios et les variations étudiés, on peut retenir que les changements seront toujours plus accentués en été qu’en hiver et qu’ils seront plus marqués au sud et à l’intérieur du territoire régional (sud de la Vendée et est de la Sarthe) que sur le littoral.
À l’élévation des températures moyennes viendra aussi s’ajouter la progression du nombre annuel de jours chauds, autrement dit ceux dont la température dépasse 25 °C. Si une baisse brutale et rapide des émissions de GES permettait d’en limiter le nombre annuel entre 10 et 15 jours par rapport à la période de référence (1976-2005), puis de le contenir, l’absence de mesures de réduction efficaces, amènerait en revanche la région à connaître 30 jours chauds supplémentaires par an d’ici à 2050 et même 55 jours avant la fin du siècle. Au total, la région pourrait alors compter 95 jours chauds par an à l’horizon 2100 au lieu de 45 jours dans un scénario de forte atténuation. [REF]
Historiquement rares dans les Pays de la Loire, les jours de forte chaleur (> 35 °C) pourraient eux aussi y augmenter. De 3 jours par an au milieu du siècle en moyenne, leur nombre pourrait atteindre, dans le pire des scénarios, une dizaine de jours avant 2100. Or à cette progression il convient d’associer celle des nuits tropicales, dont la température ne descend pas en dessous de 20 °C : encore exceptionnelles aujourd’hui, elles pourraient augmenter jusqu’à 5 nuits par an avant 2035. En l’absence de réduction importante des émissions de GES, leur nombre pourrait même progresser jusqu’à 10 nuits par an vers 2055, et même 30 à 40 nuits par an avant la fin du siècle. [REF]
Avec la hausse des jours chauds, la région devrait aussi subir de plus en plus souvent des vagues de chaleur qui correspondent à des périodes de 5 jours ou plus pendant lesquels la température maximale est supérieure de plus de 5 °C à la normale. Déjà, on constate que les Pays de la Loire ont enregistré autant de vagues de chaleur entre 2000 et 2020 que lors des cinq décennies précédentes. Plus fréquentes, ces périodes seront aussi plus précoces dans l’année, plus longues et plus sévères : bien que dans un scénario de baisse rapide et forte des émissions de GES, le nombre de jours supplémentaires de vague de chaleur puisse être contenu à une dizaine par an, il pourrait atteindre 18 à 27 jours supplémentaires d’ici trente ans en l’absence de mesures d’atténuation efficaces, voire 49 à 69 jours sur la période 2071-2100. [REF]
Les vagues de froid désignent des épisodes dont la durée est d’au moins 3 jours et pendant lesquels la température moyenne descend au moins une journée sous un certain seuil (- 2 °C). Contrairement aux vagues de chaleur, elles seront de plus en plus rares dans les Pays de la Loire. Depuis vingt ans déjà, on enregistre une baisse de leur nombre, de leur durée et de leur intensité. Sur 34 vagues de froid recensées depuis soixante-quinze ans, cinq seulement ont eu lieu au cours des vingt dernières années, la dernière en 2012.[REF] Peu à peu, elles pourraient même disparaître du territoire ligérien à l’exception de courtes vagues de froid qui, en cas de baisse importante des émissions globales de GES, pourraient réapparaître autour de La Roche-sur-Yon.
De la même façon, quel que soit le scénario, le nombre de jours de gel — déjà plutôt faible dans la région — devrait reculer dans les trois prochaines décennies, en particulier dans le nord-est de la région. En fonction de l’évolution des émissions de GES, le nombre annuel de jours de gel sur la période 2041-2070 reculera de 4 à 20 jours par rapport à la période 1976-2005. [REF]