EAU

DÉCRYPTAGE | Sécheresses, inondations, contamination, salinisation.. on assiste peu à peu à une crise de l’eau. En effet, bien qu’il s’agisse d’une ressource omniprésente et abondante pour la région des Pays de la Loire, sa qualité est dégradée et sa disponibilité dans le futur est remise en question.

Dans les Pays de la Loire, 86 % des eaux superficielles risquent de ne pas atteindre le bon état en 2027.

À la faveur d’une façade littorale et d’un chevelu hydrographique particulièrement dense étendu sur 18 000 km de cours d’eau, l’eau est omniprésente dans les Pays de la Loire dont elle couvre 13 % du territoire[REF]. Véritable richesse pour la région, elle en structure les paysages et les principales activités sociales, culturelles et économiques. Cependant, la structure hydrogéologique de la région se caractérise aussi par le nombre réduit de nappes phréatiques auquel correspondent la part importante des prélèvements superficiels, la variabilité marquée des débits et l’étiage bas du réseau hydrographique ligérien.

Finalement, la médiocre qualité de l’eau constitue donc également une spécificité régionale. Pas moins de 90 % des 418 masses d’eau superficielles de la région subissent une « pression significative », [REF] qu’il s’agisse de pression hydraulique (prélèvements dans les cours d’eau), de pollution diffuse (transferts de nitrates et de pesticides dans les cours d’eau), de pollution ponctuelle aux macro-polluants (rejets des matières organiques) ou de pression morphologique (obstacles, rectification, barrages, traversée de zones urbaines). Au total, on estime que seuls 11,3 % des masses d’eau sont en bon état écologique (contre 44 % à l’échelle nationale) indiquant qu’elles subissent une altération tout à la fois écologique (bon fonctionnement des écosystèmes du milieu aquatique terrestre), chimique (micropolluants spécifiques) et quantitative (déséquilibre entre les prélèvements et les ressources). Résultat : 86 % des masses d’eau (superficielles et souterraines) ligériennes risquent de ne pas répondre, en 2027, aux critères chimiques et écologiques qui définissent le bon état de l’eau.[REF]

 En amont du problème, trois facteurs permettent, avec la prédominance des eaux superficielles, de comprendre l’ampleur du phénomène : l’artificialisation des sols, l’aménagement des cours d’eau et les pratiques agricoles (irrigation, drainage, apports en fertilisants et produits phytosanitaires). On note par exemple que les prélèvements liés aux activités anthropiques (hors énergie) n’ont cessé de progresser depuis douze ans tout comme les prélèvements pour l’eau potable ou encore ceux destinés à l’irrigation qui ont augmenté de 16 % entre 2012 et 2019.[REF] Sur le plan géographique, c’est en Loire-Atlantique, Vendée et Maine-et-Loire que la dégradation est la plus avancée. Cependant, la situation pourrait encore se détériorer sous l’effet des changements climatiques. Déjà, à l’échelle française, on prévoit une baisse globale du débit moyen annuel des cours d’eau de l’ordre de 10 % à 40 % d’ici à 2070 (par rapport à 1961-1990).[REF] À la fin du siècle, les débits de la Loire pourraient même avoir baissé de 50 % à 60 %.[REF] Dès lors, c’est la vitalité, voire l’identité même du territoire régional, qui se trouverait affecté.